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    QUÉ

    Prenant la forme de narrations visuelles oniriques, l’exposition Outremondes rassemble des œuvres qui explorent les thèmes de la disparition et des mondes dissimulés. Des dessins réalisés au pastel et au fusain présentent des corps en transformation où s’enracinent des univers rêvés et des espèces déclarées éteintes. Des objets de papier, constitués de délicats motifs végétaux, proposent un parcours sur des passerelles de bois qui semblent enjamber les mondes.

    Entre effacement et apparition, les corps dialoguent avec des plantes, des insectes et des paysages. Afin de préserver la mémoire de ces espèces disparues, La Perrière les reproduit avec précision et sensibilité. Dans ses œuvres empreintes de poésie, à la fois douces et tragiques, fleurs et insectes s’enracinent ou se déposent sur des corps humains anonymes, dépourvus de visages. L’artiste lie ainsi symboliquement le destin de ces espèces disparues à l’être humain, principal responsable de leur extinction. Véronique nous invite ainsi à réfléchir à la précarité de chaque espèce, y compris la nôtre.

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    À propos des œuvres de la série Last seen, 2024 :

    La série Last seen explore par le prisme du poétique les thèmes de la disparition et des relations entre les vivants. S’attardant à la flore et aux insectes disparus durant l’ère des humains, les images rêvent le retour et les transformations d’espèces éteintes. Devant l’effondrement de la biodiversité mondiale, le travail cherche à éclairer la manière dont le déni des limites, et de notre propre finitude, se transpose dans notre façon d’exploiter la nature. Comment le rapport, ou le non-rapport, à la mort de notre époque s’exprime-t-il dans notre négation des limites écologiques? Comment réenchanter la mort et les relations entre les vivants qui habitent notre planète?

    Bien que deux fois plus élevé que le taux d’extinctions des animaux, le taux de disparition des plantes passe largement inaperçu. Ces espèces, produisant l’oxygène que l’on respire, la nourriture que l’on mange et filtrant l’eau que l’on boit, ont atteint une vitesse d’extinction exponentielle. Des disparitions annonciatrices, selon les indicateurs scientifiques, de l’aube d’une sixième extinction de masse. Lorsqu’une plante ou un insecte disparaît, c’est un membre de la communauté avec un rôle spécifique et des relations à d’autres espèces qui meurt. C’est aussi des millénaires d’adaptation et un potentiel inestimable d’information biologique, écologique et pharmacologique qui disparaît.

    Comme des visions du futur, les images de la série Last seen sont des rituels pour penser la mort, ce qui relie les vivants entre eux et aux espèces disparues et à venir. Par la voie du poétique, le travail souhaite participer à une réconciliation avec notre finitude et la tragédie du vivant.

    À propos des œuvres de la série du Voyageur enchanté, 2019 :

    La série « Le voyageur enchanté » reprend le titre d’un roman de Nikolaï Leskov (1831-1895) découvert par l’artiste peu de temps après le décès de son père. Le livre fut trouvé dans une valise ayant été déposée temporairement chez l’artiste. La vie, ou la mort, a fait que cette valise n’a jamais pu être récupérée. Sorte d’héritage et d’apaisement pour l’imaginaire, « Le voyageur enchanté » est un voyage rêvé, à la limite du corps et des mondes intérieurs qui l’habitent. Il est un rituel dessiné portant une réflexion sur le deuil, le legs du passé et la perte des rites collectifs autour de la mort.

    L’exposition présente un corpus de dessins au fusain où la forme du corps et de ses contours sont en métamorphose. Ils deviennent des paysages, des ouvertures ou un sol dans lequel s’enracinent d’autres mondes. Dans l’esprit d’un memento mori et de la tradition picturale des vanités et de ses natures mortes, les représentations des corps cohabitent avec l’eau, la forêt, les fleurs et les insectes. Les images, qui semblent à la fois apparaître et disparaître de la surface du papier, rappellent que le voyage, tout comme la métamorphose, est en cours et ne s’achève pas ici.

    Œuvres exposées