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    Chiguer art contemporain est honoré de présenter une exposition consacrée à Marcelle Ferron (1924-2001), figure incontournable du mouvement automatiste et pionnière de l’art moderne québécois.

    Des toiles vibrantes des années 1960 aux compositions dynamiques des années 1980 et 1990 en passant par les expérimentations lumineuses en verrerie des années 1970, l’exposition retrace le parcours d’une artiste visionnaire, révolutionnaire et engagée qui, guidée par ses convictions et un idéal de liberté, a contribué à faire entrer le Québec dans la modernité.

    Près de vingt-cinq ans après sa disparition, l’héritage et l’influence de Marcelle Ferron perdurent. Son œuvre constitue un jalon majeur de l’histoire de l’art québécois et canadien et s’inscrit pleinement dans l’évolution de l’art moderne international.

    Les œuvres de Ferron s’appréhendent comme des paysages: ils sont les marqueurs d’une époque et le reflet de son âme. Si ses toiles de jeunesse, réalisées dans les années 1940 durant la Grande Noirceur se caractérisent par leurs tonalités sombres et leur mélancolie, Ferron se tourne rapidement vers la lumière et la couleur, suivant les conseils de son ami et mentor: Paul-Émile Borduas. Ses œuvres des années 1950 et 1960, traversées d’amples mouvements et de contrastes, se révèlent tumultueuses et sensuelles. Exécutées avec toute la fougue et l’énergie de la jeunesse, elles traduisent l’esprit de ces décennies de révolution et de bouleversements, partagées entre la France et le Québec. Les tableaux des années 1980-1990, empreints de sérénité, expriment quant à eux une maturité plus apaisée et témoignent d’une maîtrise exceptionnelle de la couleur et de la lumière.

    L’exposition inclut également un rare corpus de verres fusionnés des années 1970, période durant laquelle l’artiste expérimente avec la transparence et la lumière et s’intéresse à l’intégration de l’art à l’espace public. Ses célèbres vitraux du métro Champ-de-Mars à Montréal (1968) et du palais de justice de Granby (1979) en constituent des exemples emblématiques.

    On y découvre également une sélection de peintures sur papier, un versant plus intime de sa pratique. Ces œuvres témoignent de son attachement au dessin et de sa capacité à transformer les supports les plus modestes en espaces de liberté et d’expérimentation en conjuguant rigueur et spontanéité, structure et improvisation.

    En reconnaissance de la portée exceptionnelle de son travail, Marcelle Ferron est faite chevalière de l’Ordre national du Québec en 1985 et, en 2000, promue au rang de Grande Officière.

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    À propos de Marcelle Ferron

    Née à Louiseville en 1924, Ferron nourrit dès la tendre enfance le désir de devenir peintre afin de réaliser le rêve inachevé de sa mère, disparue prématurément de la tuberculose alors qu’elle n’avait que sept ans. Après un bref passage à l’École des beaux-arts de Québec (1941-1942) sous la direction de Jean Paul Lemieux, Marcelle Ferron s’installe à Montréal où elle fait la rencontre de Paul-Émile Borduas, qui deviendra son ami et mentor. En 1946, elle intègre le groupe des Automatistes et, deux ans plus tard, à seulement vingt-quatre ans, signe Refus Global, manifeste contestataire qui bouscule les valeurs traditionnelles québécoises et le milieu artistique.

    Tout au long de sa prolifique carrière, Marcelle Ferron demeurera fidèle aux principes idéologiques et esthétiques énoncés par Borduas. Elle préconise une approche intuitive, spontanée, expérimentale et non figurative de la peinture qui affirme la primauté du geste, du mouvement, de la couleur et de la lumière. Malgré la spontanéité qui se dégage de ses œuvres, on note néanmoins chez Ferron un sens aigu de la forme et une inclination pour la structure plutôt que pour le geste. Car Ferron ne dessine pas la surface, elle l’organise de façon cohérente, en spatialisant la couleur et les formes.

    En 1953, Ferron s’installe seule à Paris avec ses trois filles. Les treize années qu’elle y passe seront déterminantes dans sa carrière. Dans l’atelier de Michel Blum, elle s’initie à l’art de la verrerie, tout en forgeant en parallèle une esthétique picturale singulière, dans le sillage de l’abstraction lyrique. Pendant cette période, elle expose à travers l’Europe et consolide son statut d’artiste d’avant-garde sur la scène internationale. En 1962, elle remporte une médaille d’argent à la Biennale de São Paulo, devenant la première peintre québécoise à obtenir une telle reconnaissance.

    Son retour au Québec en 1966 coïncide avec la Révolution tranquille, une période de grands bouleversements sociaux et culturels. De 1967 à 1988, elle enseigne à l’Université Laval et continue de marquer le paysage artistique par son audace, son inventivité et son engagement.

    Œuvres exposées