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    QUÉ

    Pour la plupart des gens, l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est davantage connue pour ce qu’elle interdit que pour ses croyances. Alors que leurs règles prohibant l’alcool et le tabac n’affectent que les membres à l’interne, leur doctrine homophobe peut se faire ressentir hors les murs par les pressions politiques qu’ils opèrent contre les droits LGBTQ. Bien que de nombreuses organisations religieuses s’adaptent rapidement pour répondre aux besoins changeants de la société, l’Église mormone semble s’être repliée sur elle-même en se positionnant comme une organisation résolument illibérale.

    Camille Charbonneau est un.e artiste queer né.e dans une famille mormone sur le territoire non cédé de la Nation Algonquine Anishinabé/Gatineau. Une grande partie de sa pratique subvertit les symboles et l’iconographie de l’Église mormone, faisant usage d’un bagage religieux autrement non rentable. En s’appropriant ces symboles, ils sont séparés de leur système de croyance d’origine, les détachant du pouvoir de l’Église sans toutefois perdre leur sacralité. Cette première exposition solo, loin d’être une protestation colérique, présente une vision tendre d’une réalité alternative où l’homosexualité et le mormonisme coexisteraient respectueusement. Le premier pas vers le changement est d’imaginer ce qui pourrait être.

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    Camille peuple l’espace de la galerie d’innombrables sculptures miniatures de missionnaires mormons. Bien que leurs uniformes et insignes soient immédiatement reconnaissables, les figures ne sont pas engagées dans leur prosélytisme habituel mais plutôt dans de tendres étreintes homosexuelles. Le travail présenté semble similaire à celui des missionnaires, arrivant à votre porte pour partager un message d’espoir.

    Contrairement à beaucoup, Camille a eu la chance de naître dans une famille guidée par l’amour et le respect faisant maintenant partie intégrante de sa pratique. Les figures sont présentées dans des piles de boîtes s’apparentant au monument, dispersées à travers l’espace. Leur disposition aléatoire et décontractée offre une résistance à l’interprétation funéraire de l’installation. Un sentiment d’intrusion est ressenti, comme si le spectateur avait interrompu un processus en cours dans un moment de silence. L’ambiguïté de leurs positions ainsi que leurs réceptacles évoque l’imminence de quelque chose sur le point de se produire. Entre l’éveil et la mort, l’espoir et le désespoir, les personnages existent au seuil.

    Séparées du spectateur par leur taille et leur proximité au sol, ces figures habitent un monde différent. Ce n’est qu’avec un rapprochement délibéré qu’il est possible de s’introduire auprès de ces amoureux endormis. Attirés par leurs détails, nous sommes tentés de nous agenouiller afin de les inspecter de plus près, un geste autant utile pour la supplication que la protestation pacifique. La proximité permet la compréhension, et la compréhension, à son tour, l’existence.